A l'instant même où les Barbies fragiles refont surface pour toiser les hit-parade, Mademoiselle Nineteen publie un premier album de bubble pop intemporel et saupoudré de phéromones ; un drôle de vêtement à ranger quelque part entre les petites culottes de Britney Spears, les soutiens-gorge de France Gall et croco boots de Nancy Sinatra. Son Lee Hazlewood, la jeune chanteuse belge l'a trouvé en la personne de Jacques Duvall, chapeau de cowboy et stylo affuté, qui lui composé Je ne vois que vous, trente ans après le Banana Split de qui vous savez.
Mais là où Lio s'amusait en son temps à flirter avec les codes esthétiques et la jeunesse pour éternelle beauté, Mademoiselle Nineteen pousse bien grand la porte du saloon pour donner à ses chansons le relief des hautes plaines et l'odeur du foin. Pas de méprise pourtant, son éponyme est un album résolument européen qui parvient, avec innocence et légèreté, à réconcilier la francophonie et le rêve américain, les trente glorieuses et la pop ambitieuse, Phil Spector et les égéries du label Tricatel - Valérie Lemercier, Helena Noguerra. Très loin des « pisseuses » du grand Serge, Mademoiselle Nineteen n'aime pas trop les sucettes à l'anis. Et quand clin d'œil il y a, c'est aux instrumentations d'Annie, pas aux sucreries phalliques du drugstore...
De Mademoiselle Nineteen, on pourrait ainsi dire que l'égérie possède une belle paire de jambes doublé d'un cerveau qui gambade. D'abord engagée comme choriste sur la tournée de Lio, la belle a su donner une suite - sixtine ? - à l'aventure en séduisant Benjamin Schoos, patron de l'écurie Freaksville, puis la Belgique toute entière. La faute à un charme désarmant, une gorge profonde et une poignée de tubes radiophoniques qui lui permettront de briser la glace pour s'imposer dans une pop à la dérive. Aussi sûr qu'on a longtemps cherché le garçon, on vient peut-être de trouver la fille, celle qui parviendra sans lifting à chanter le chagrin et l'amour sur une seule et même partition. Ses bottines sont-elles faites pour marcher loin ? Mademoiselle Nineteen répond qu'elle marche sur des pétales de rose. En attendant que la belle éclose, ses comptines sont d'un rouge piquant.
mademoisellenineteen.com/releases