« Un voyage musical et bigarré ou l'inattendu pointe le bout de son nez. » Voil à comment le magazine Rolling Stone définissait Meredith, premier album de la formation franco-belge King Child. Nous étions alors en 2017. Deux ans plus tard, alors que Leech, le successeur de Meredith, est annoncé pour le 8 février, il est toujours question de trip majestueux et d'imprévu. Mais la démarche de King Child s'est affinée. Le son s'est épuré pour ne garder que l'essentiel. Et la force lyrique s'est imposée presque d'elle-meÌ‚me. Observateurs nuancés du monde qui les entoure, Jean Prat et Quentin Hoogaert transcrivent sans filtre leur vision d'une société qui ne tourne pas rond. Sans jouer les moralisateurs, ils jouent de métaphores, de nuances et de poésie pour affirmer un propos ou l'espoir revendique encore sa place.
Sorti en éclaireur de Leech, le nouveau single One Last Ride permet, plus qu'un long discours, de mesurer tout le chemin parcouru par King Child. Harmonies vocales, arrangements soignés, mélodie en clair-obscur à l'image de notre société... Tout est parfaitement à sa place.
Au petit jeu toujours délicat des comparaisons, nous pourrions citer des tas de noms pour cerner l'univers de King Child. Mais plutoÌ‚t que d'avancer des références souvent encombrantes, il suffit de tendre l'oreille pour se faire sa propre idée. Chez King Child, l'organique cohabite avec l'électronique. La queÌ‚te enthousiaste de la mélodie pop se marie avec l'envie d'envolées épiques. Il y a du piano, des nappes de synthés, de la batterie, peu de guitare électrique, des ambiances cinématographiques, une esthétique raffinée, des sonorités témoignant d'une écoute attentive des grands classiques rock des années 70, d'autres qui soulignent l'envie d'explorer des territoires non cartographiés.
« Nous nous alimentons mutuellement », répondent Jean et Quentin quand nous leur demandons de dévoiler les secrets de fabrication de leurs chansons. Multi-instrumentiste qui avance sans œille res, Jean Prat créé la trame mélodique sur laquelle Quentin Hoogaert pose sa voix et ses textes générationnels. Le reste est une question d'alchimie et d'équilibre. Ajouter, enlever, avancer, revenir en arrie re, rebondir... « Sur notre premier album Meredith, les compositions étaient assez complexes. Nos nouveaux morceaux sont plus directs. Plus sombres et plus contrastés aussi. Nous sommes les spectateurs d'un monde qui va droit dans le mur. Si nos chansons parlent toujours d'amour, elles refle tent aussi notre questionnement par rapport à la technologie, au flux continu d'informations et aux enjeux environnementaux. » Loin des formats, King Child voyage musicalement dans les époques tout en s'affirmant comme un groupe parfaitement en phase avec le présent.
Luc Lorfèvre