Bien qu'encore très jeune (25 ans), Antoine Hénaut a déjà un lourd passé sur les planches derrière lui, mais sur les planches d'une école de cirque, il y a bien des années déjà. Qui dit petit cirque, dit y faire un peu de tout, et donc Antoine y fut trapéziste, jongleur, clown, et aussi... musicien.
Antoine est originaire de la région de Onnezies, sud-ouest de Mons - un vrai bled, mais très joli. Le temps d'une rencontre avec Suarez (Montois eux aussi), qui lui trouvent la plume bien pendue, il écrit les paroles de quelques chansons de leur second album. Et rencontre alors le label 30Février. Séduit par la truculence et l'allant du jeune homme, celui-ci lui propose une collaboration plus étendue, entamée par une longue série de concerts.
Et c'est en solo qu'Antoine s'est présenté, nécessité faisant loi, sur quelques grandes scènes depuis lors: devant les Ogres de Barback, Michel Delpech, Axelle Red, Brigitte, Eté67, ou encore évidemment Suarez. L'occasion pour lui de tester ses nouvelles chansons, et l'occasion pour les spectateurs de découvrir un vrai showman, doté d'un sens inné de la communication avec un public. Ces concerts, et les autres qui ont suivi, ont donné à Antoine une belle confiance en lui ; il en avait besoin.
Il y encore eu, fin 2011, une série d'une vingtaine de concerts sur les campus étudiants de Wallonie (dans les kots !), un duo en TV avec Thomas Fersen, et la réalisation de son premier EP, intitulé « Quelqu'un de Bien », dont le titre éponyme a tourné sur quelques jolies radios. Avec ce titre, qui défend l'idée très belle que notre univers regorge de gens bien, Antoine se lance alors dans une nouvelle démarche: aller jouer chez eux. Lancé un peu en boutade, l'idée s'est matérialisée dans un hôpital psychiatrique, chez un monsieur très discret, un batelier, ou dans la loge d'un festival.
Et de festivals, son printemps 2012 fut d'ailleurs rempli.
Au moment de se lancer dans la périlleuse tâche du premier album, Antoine a voulu se faire accompagner d'un producteur, qui soit aussi une âme-sœur, un frère d'aventure, et il a trouvé en Aurelio Mattern, chanteur et leader de Lucy Lucy, ce partenaire idéal. Environ du même âge, mais avec déjà 2 expériences en studio, amoureux de chansons françaises, mais goûtant aussi aux douceurs du nouveau folk US, et aux truculences de la pop britannique actuelle, Aurelio a fait oser Antoine.
Accompagné de ses fidèles musiciens de scène, Max Giordano à la guitare, Francois Leclercq à la batterie, Xavier Bouillon au clavier et Pascal Hauben à la basse, Antoine Hénaut a rassemblé dans le studio de Maximin N'Java une collection de 12 chansons qui reflètent bien son personnage et son (encore court) trajet.
Intrigué par le mystère des filles (« Elle »), et attentif aux troubles des couples (« Mis à mort »), Antoine présente sans fard les hésitations existentielles de la vie d'un jeune homme de notre époque (« Dilemme »), et n'hésite pas à les partager (« Qu'est-ce que t'as », en duo avec Cécile Hercule). Supérieurement doué dans l'écriture de textes, Antoine déclare son amour à sa belle, la chanson, dans une pépite intitulée « J'en mène pas long », ou taquine la gauloiserie, mais toujours avec élégance, pour un « J'ai pas la trouille » qui a marqué et marquera encore ses concerts
Antoine Henaut n'est pas fasciné, il ne fait que poser son regard sur ce qui l'entoure, et son entourage. Et si ce qu'il voit ne l'inquiète pas, par contre ça l'étonne. De ses grands yeux un peu louches, il nous observe, n'en tire pas de conclusions hâtives, et repart avec des chansons. Et voilà notre train-train quotidien épinglé (« Inévitable »), et nos institutions humoristiquement brocardées (« Est-ce que ? »)...
Des lunettes, un costume dépareillé, passe-partout, aucune certitude, mais une curiosité certaine, doublée d'une timidité maladive, et d'un humour catastrophe, tel est le personnaged'Antoine Hénaut, entre Jacques Tati et Jérome K, Jérome Bloche, le héros de BD.
Bienvenus dans l'univers d'Antoine Hénaut !